Le sujet des « cromlechs » continue à susciter mon intérêt persistant. Petit rappel sur les cromlechs.
Qu’est-ce qu’un cromlech ?
Les cercles de pierres suscitent depuis longtemps notre fascination, éveillant de nombreuses interrogations sans pour autant fournir de réponses claires sur leur rôle jusqu’à aujourd’hui. Bien que l’imagination ait pris le relais, la vérité demeure énigmatique. Le dessein précis des cromlechs reste incertain, étant donné qu’ils furent érigés par des cultures préhistoriques qui n’ont laissé « peut-être », aucun témoignage écrit quant à leur signification ou fonction. Néanmoins, les archéologues ont avancé plusieurs hypothèses afin d’explorer leur possible utilisation.
N’oublions pas que la majorité des mégalithes n’ont pas été construits par les Celtes mais par un « peuple préceltique ». Certes, les Celtes les ont utilisés, mais certains remontent au Néolithique ancien, tandis que d’autres ont été construits à des périodes ultérieures.
De nombreux cromlechs semblent avoir été utilisés pour marquer des événements astronomiques importants et étaient associés aux pratiques religieuses ou spirituelles d’anciennes civilisations.
Des aspects de ces sites pourraient ne pas avoir été pleinement analysés ou explorés à ce jour. En effet, l’archéologie et la recherche pratiquées par des professionnels et des amateurs persistent dans la révélation de découvertes et de nouvelles interprétations concernant ces structures anciennes, contribuant ainsi à enrichir notre compréhension de l’histoire de l’humanité.
Il est possible que certaines pistes n’aient pas été explorées. Dans un article précédent intitulé « Les Cercles de Pierres », j’ai tenté d’approfondir cette question.
Les différences entre eux sont multiples et observables entre des milliers de cercles de pierres dans le monde.
- Des diamètres variés.
- Un nombre de mégalithes différents d’un cercle à un autre.
- Certains sont situés à proximité les uns des autres.
- Des formes diverses.
- Certains comportent un menhir ou un autel au centre.
- Plusieurs renferment d’autres cercles à l’intérieur d’un plus grand.
- d’autres sont connectés entre eux par des allées bordées de menhirs.
- Certains sont entourés de fossés.
- Un certain nombre ont un mégalithe positionné à l’extérieur proche du cromlech.
Un cromlech est un assemblage de pierres disposées verticalement, de différentes hauteurs, alignées de manière circulaire dans la plupart des cas. Certains d’entre eux présentent une forme rappelant celle d’un œuf et étaient souvent entourés d’un fossé.
Leurs différentes fonctions
- l’observation solaire et lunaire pour les cycles des saisons liées à l’agriculture.
- Lieu d’initiation.
- Lieu de cérémonies.
- lieu de guérison.
- lieu d’inhumation.
Il reste des énigmes à résoudre. En particulier quelle est la fonction des mégalithes positionnés à l’extérieur proche des cromlechs ?. A quoi servaient ils ?
Un lien avec l'agriculture?
Aujourd’hui je vais développer l’utilisation qui pouvait être faite du site en lien avec l’agriculture.
L’agriculture au Néolithique marque une période cruciale dans l’histoire humaine, marquant la conversion de la chasse et de la cueillette à la pratique de l’agriculture et de l’élevage. Cette transition a eu lieu il y a environ 10 000 à 12 000 ans, selon les régions du monde, à la fin de la dernière glaciation.
L’un des développements les plus importants a été la domestication des plantes et des animaux. Les humains ont commencé à cultiver des végétaux comme le blé, l’orge, le riz et les légumes, et à élever des animaux tels que les bovins, les ovins, les porcs etc.
Avec l’agriculture, les communautés humaines sont devenues plus sédentaires. Auparavant nomades, les gens ont commencé à s’installer dans des endroits favorables à la culture des plantes et à l’élevage des animaux.
Les communautés néolithiques ont construit des habitations plus permanentes, souvent à partir de matériaux trouvés sur place. Ces structures remplaçaient les abris temporaires utilisés par les chasseurs-cueilleurs nomades.
Nous avons vu, plus exactement supposé, qu’ils avaient plusieurs fonctions.
Une des seules certitudes, c’est la relation avec l’astronomie. De nombreuses études ont vu le jour à ce sujet ces dernières décennies.
Nous savons que les cromlechs contiennent certains monolithes positionnés sur les axes des équinoxes et des solstices, ce qui leur permettait de gérer les cycles agricoles. C’est le résultat de plusieurs millénaires d’observation du ciel avec les constellations et les astres, mais aussi de la nature environnante.
Le calendrier celtique est divisé en deux saisons. L’année commence par la saison sombre dans la nuit du 31 octobre. Cette période marque la fin des travaux agricoles et l’arrêt des combats pour les guerriers. Six mois plus tard, le 1er mai annonce le retour de la saison de lumière, ou saison claire, avec la reprise de la chasse, de la guerre et des activités agraires.
Mon hypothèse
Si on considère que les monolithes qui composent un cercle de pierre, étaient des repères qui matérialisait les différentes phases d’une année. On peut aussi penser qu’au début, les connaissances en astronomie étaient moindres et donc que leur structure était restreinte. Au fils des millénaires le calendrier celte s’est étoffé de beaucoup plus de connaissances qui entraina donc augmentation du nombre de monolithes pour matérialiser les périodes liées à l’agriculture.
Nous allons voir que les celtes ont poussé relativement loin l’observation des cycles.
Le calendrier celtique
Il est divisé en deux saisons. L’année commence par la saison sombre dans la nuit du 31 octobre. Cette période marque la fin des travaux agricoles et l’arrêt des combats pour les guerriers. Six mois plus tard, le 1er mai annonce le retour de la saison de lumière, ou saison claire, avec la reprise de la chasse, de la guerre et des activités agraires.
Respectant la succession des saisons dans la nature, ce cycle, appelé également Roue de l’année chez les Wiccans, est rythmé par huit fêtes dont quatre fêtes religieuses majeures. On les retrouve toutes sous l’appellation des sabbats mineurs ou majeurs qui alternent successivement dans le calendrier Wicca.
Les sabbats majeurs, Imbolc, Beltane, Lughnasadh et Samhain, fêtent les changements de saisons.
La roue de l’année est le nom du cycle annuel des saisons dans la Wicca. La roue de l’année comporte treize lunes et huit fêtes, nommés sabbats. Ces fêtes s’inspirent des fêtes celtiques et germaniques préchrétiennes.
Si l’on attribue aujourd’hui des dates fixes à ces moments de célébration, il faut bien prendre conscience qu’il s’agissait autrefois d’un calendrier lunaire et solaire. Certaines dates pouvaient donc varier d’une année sur l’autre.
Imbolc (2 février)
Imbolc, célébré au début de février, marque le réveil de la terre après le long sommeil hivernal. Marquant le début des travaux des champs, elle est aussi propice à la purification des corps et des lieux après la période sombre de l’hiver.
Ostara (21 mars)
Ostara, qui tombe autour de l’équinoxe de printemps, célèbre la germination et la renaissance de la nature. Les forces de la terre émergent des profondeurs et la sève monte dans les plantes et les arbres. Les premières pousses, feuilles et bourgeons font leur apparition dans les champs.
Beltane (1er mai)
Beltane, célébrée au début de mai, est une fête de la fertilité et de l’abondance. Elle marque le moment où la nature est en pleine croissance et floraison.
Litha (21 juin)
Le solstice d’été, Litha, est un moment de célébration intense, marquant le jour le plus long de l’année.
Lughnasadh (1er août)
Marque le commencement des récoltes et le début de l’automne.
Mabon (21 septembre)
Mabon, l’équinoxe d’automne, est un temps d’équilibre et de réflexion, où le jour et la nuit sont de longueur égale.
Samhain (31 octobre)
Samhain, troisième et dernière fête des moissons, correspond à un moment de profonde introspection. Cette fête célèbre à la fois la fin et le début d’une nouvelle année dans le calendrier celtique. Elle marque la fin de la saison claire et le début de la période sombre de l’hiver.
Jul (Yule) (21 décembre)
Yule, ou le solstice d’hiver, marque la nuit la plus longue de l’année et le retour progressif de la lumière.
En explorant les festivités traditionnelles celtes, nous suivons un parcours cadencé par la nature. Ces célébrations vont au-delà de simples occurrences calendaires ; ce sont des repères spirituels qui nous aident à saisir et à harmoniser nos propres rythmes avec ceux de la nature.
Ces fêtes, imprégnées de traditions riches et de symboliques profondes, nous ouvrent des espérances précieuses pour mener une vie plus harmonieuse, alignée sur les cycles naturels et spirituels qui jalonnent notre vie. En nous y intéressant et en les célébrant, nous renouons avec des pratiques ancestrales.
Source : l’excellent article « Rythmes de la Vie, Les Enseignements des Fêtes Celtiques » publié récemment sur ce site par Celia et Sébastien.
La table de Coligny, un calendrier lunaire/solaire
La rareté des écrits en langue celte a fait penser pendant très longtemps qu’il n’existait pas d’écriture de cette période. Sachant que la transmission du savoir des druides se faisait sans doute oralement, le raccourci fut fait : les celtes n’avaient pas d’écriture.
Nous savons depuis 1986, près d’un siècle plus tard, après la découverte du calendrier celtique de la table de Coligny en1887 qu’il n’en est rien. Il s’agit d’un calendrier luni-solaire, composé de cinq années (un lustre) de douze mois lunaires de 29 et 30 jours alternés, qu’un système de mois intercalaires (deux mois de trente jours, placés l’un au début et l’autre au milieu de la suite des cinq années), remettait régulièrement le calendrier en accord avec le soleil. C’est en réalité une réalisation complexe basée sur des observations longues et rigoureuses.
En novembre 1897 un cultivateur du hameau de Charmoux en Coligny, dans l’Ain, découvre près de la voie romaine de Lyon à Besançon, enfouis à environ 30 cm du sol, les restes d’une grande statue divine de Mars mêlés aux débris d’une grande plaque de bronze : environ 150 fragments gravés.
C’est grâce à Paul-Marie Duval et à Georges Pinault, d’une édition critique de ce texte de plus de 2 020 lignes, la plus longue inscription gauloise connue à ce jour et le seul témoin matériel que nous ayons de la science très ancienne des druides. Reconstituée c’est une grande table calendaire de bronze d’environ 1,50 m sur 0,90m, malheureusement brisée en nombreux fragments et incomplète d’un bon tiers, datant de la fin de l’époque gallo-romaine et entièrement rédigée en gaulois.
Il y a un autre exemple qui montre que les celtes maitrisaient les cycles solaires et lunaires.
Dans l’Irlande mégalithique du troisième millénaire avant notre ère, l’une des dalles gravées entourant la base du tumulus de Knowth, dans la vallée de la Boyne, près de Newgrange, comporte sur toute sa longueur un tracé dans lequel des travaux récents reconnaissent un mois lunaire constitué de 29 éléments : 22 croissants qui décrivent la base et les côtés d’une grande ellipse qui s’arrondit en 7 cercles dans la partie supérieure.
Le Rôle Lunaire
En plus de servir de calendrier solaire, les cromlechs peuvent également avoir joué un rôle dans le suivi des cycles lunaires. Les phases lunaires étaient d’une importance capitale pour les sociétés agricoles, car elles étaient souvent associées aux marées, aux saisons de pêche et aux moments propices pour planter certaines cultures. Certains cromlechs étaient peut-être conçus pour aligner les pierres avec les positions lunaires spécifiques, offrant ainsi un calendrier lunaire pratique.
En Angleterre le Land’s End, abrite plusieurs cromlechs de dix-neuf monolithes, indiquant le cycle lunaire de dix-neuf ans. Un de ceux-là, Boscawen-un, contient dix-neuf monolithes périphériques en granit et un en quartz au centre qui montre l’aube du soleil à Beltane (1er mai). Une pierre située en périphérie marque Samhain (1er novembre). En Arménie, le cromlech est appelé « calendrier ».
Les cercles de 19 pierres pour célébrer le retour de la Lune à ses couchers extrêmes, tous les 19 ans, sont nombreux, en voici un exemple :
Le cercle de pierres de Merry Maidens
A l’extrême pointe des Cornouailles anglaises dans le comté de Penwith, le cercle de pierre de Merry Maidens, les «jeunes filles joyeuses» qui dansent ; peut être une allusion à la sarabande de la Lune sur l’horizon. Ces19 pierres, réparties uniformément, n’indiquent pas des directions astronomiques particulières, mais rappellent la période 19 ans (18,60) où la Lune déploie ses couchers mensuels sur le plus vaste secteur d’horizon.
Le cromlech d’Ouessant s’ajoute à une liste déjà longue de cercle de 19 monolithes. Son originalité réside dans l’occupation active de ce site depuis le néolithique.
Des Calendriers Solaires Primitifs
Les cromlechs étaient souvent disposés de manière à capturer la lumière du soleil à des moments clés de l’année, tels que les solstices et les équinoxes. La disposition soigneusement calculée des pierres suggère une compréhension avancée des mouvements du soleil. En fonction de l’ombre projetée ou de la position des pierres, les agriculteurs néolithiques pouvaient déterminer les moments cruciaux pour semer, récolter ou effectuer d’autres tâches agricoles importantes.
Conclusion
L’utilisation des cromlechs en tant que calendriers solaires et lunaires met en lumière l’intelligence et l’observation minutieuse des communautés néolithiques. Ces structures n’étaient pas simplement des lieux de culte, de cérémonies mystiques et de guérison, mais également des outils pratiques qui ont permis aux agriculteurs d’optimiser leurs rendements et de s’ajuster aux variations saisonnières. Je vous invite à consulter sur ce même site l’article sur « le cromlech de Swinside » en Angleterre, qui permet de visionner les lignes médicinales qui sont matérialisées par des monolithes sur la périphérie du cromlech.
Les différentes cultures primitives avaient tendance à intégrer tous les aspects de leur vie, tels que leurs croyances, leur art, leur médecine, leur astronomie et leur agriculture, dans un cadre rituel unique. Pour les Celtes, la réfection ou la construction d’un cromlech était un élément fondamental de leur ancienne culture, et cette tâche incombait à l’ensemble de la communauté. Elle favorisait la cohésion sociale. Une fois édifié, le cromlech devenait un centre religieux et social, partageant des objectifs similaires à ceux d’une église paroissiale du Moyen Âge. Il représentait de loin l’endroit le plus important au sein de la communauté.
Savoir est un devoir
Michel